Les médias pensent-ils ? Spirale, no. 219, mars-avril 2008.

 

Paru dans Le journal des alternatives 

 

Jeudi 27 mars 2008

Le magazine culturel présente, sous la direction de Martine-Emmanuelle Lapointe, huit articles solides sur la relation boiteuse, parfois honteuse, entre médias et pensée. Médias sans restriction : de masse, surtout la télévision, les imprimés grand public et à tirage restreint, sites Web, etc. Pensée, écrit madame Lapointe, est ici « simplement le fait d’appliquer son esprit à concevoir quelque chose »… Dès le premier article heureusement, « pensée » prend du cœur, devient pensée critique, culture irréductible à la consommation, même boulimique : « la culture, j’en mange », aime-t-on répéter dans les médias grand public.

Trois lignes de force : 1 - Mise en question radicale de la télévision, machine à ressentiment contre l’intellectuel, où l’animateur de l’émission dite culturelle, souvent issu du « milieu », cherche à rapprocher l’artiste du téléspectateur en supprimant la critique, et, idéalement, parce que tout le monde en parle, parler fallacieusement au nom de tout le monde ; 2- Exploration de médias potentiellement favorables à la pensée (sites Web, imprimés, radios et cinéma en ligne, etc.) ; 3- Refus de s’avouer vaincu dans les médias de masse : les médias de la marge sont insuffisants ; les intellectuels ont le devoir politique de reconquérir le terrain, notamment Radio-Canada.

Un regret comme lecteur : l’absence de distinction tout au long de ce dossier entre culture populaire et culture de masse, phénomènes distincts de la traditionnelle opposition entre cultures populaire et savante. Questions : la culture populaire ─ pas de masse ─ existe-t-elle encore ? Pourquoi les intellectuels se sont-ils laissés chasser si aisément des médias de masse ? Ces réserves à part, Spirale aborde ici un enjeu fondamental pour l’exercice de la libre pensée et, comme l’écrit Mathieu Arsenault, pour l’avenir d’un peuple.

 


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